LETTRE
DE DUBOIS THAINVILLE
A
TALLEYRAND
DU 1ER FEVRIER 1807
SUR DES TRANSACTIONS
AVEC DES NEGOCIANTS
N° 255
1er février 1807
Monseigneur, j’ai reçu la dépêche que Votre Altesse Sérénissime a fait l’honneur de m’écrire le 31 juillet dernier en m’adressant une lettre de M. le préfet du Golo et les mémoires des nommés Etienne Sabbattini et Ambroise Magno.
Les sommes que j’ai, dans le temps, annoncées à Votre Altesse Sérénissime avoir touchées, pour le compte de ces deux français sont celles qu’ils m’avaient chargés de recouvrer, ainsi qu’il conste des notes qu’ils m’ont remises. Le juif Samuel Narboni avait déjà acquitté entre mes mains, à compte sur les 350 piastres fortes qu’il devait à E. Sabbattini une somme de 216 p. f. qui jointe à 34 p. f., montant d’un mémoire de fournitures faites par lui à cet esclave, forme celle de 250 p. f.
Samuel restait conséquemment redevable envers Sabbattini d’une somme de 100 p. f., que le dérangement de ses affaires, suite de la catastrophe arrivée aux juifs, l’avait empêché d’acquitter. Cet homme vient de mourir ; mais j’ai l’espoir de me faire emboursé par sa famille, et j’ai chargé de ce soin le chef de la nation hébraïque.
L’espoir d’obtenir le paiement de ces cent piastres fortes et l’impossibilité de trouver du papier sur l’île de Corse m’ont empêché, jusqu’à ce jour, de faire toucher à Sabbattini l’argent que j’ai recouvré en son nom. Je n’ai d’autre ressource pour le faire rembourser que mes fondés de pouvoirs à Paris et à Marseille, à moins qu’il ne préfère tirer sur moi. Je supplie Votre Altesse Sérénissime de vouloir bien lui en faire donner avis.
Relativement aux intérêts qu’i dépendra de moi pour les obtenir ; mais il y a peu d’espoir de ce côté, et je devrai m’estimer heureux si je parviens à me faire rembourser le reste du capital.
Quant à Ambroise Magno, je suis parvenu, avec beaucoup de difficulté, à lui faire rembourser sa créance. Comme il est de retour ici depuis six mois, et même à mon service, il traite lui-même ses intérêts avec les taverniers dont il réclame diverses sommes. Ainsi cette affaire peut être regardée comme terminée. J’ai voulu lui payer la somme que j’ai touchée pour lui ; il m’a prié de la garder.
Daignez….
Dubois Thainville.