L. S.
DU PRINCE DE BENEVENT
AU CITOYEN DUBOIS THAINVILLE,
DU 8 SEPTEMBRE 1814
SUR UNE QUESTION D'ETIQUETTE
D'UNE LETTRE DU DEY D'ALGER
AU PREMIER CONSUL
Paris, le 8 septembre 1814.
A M. Dubois Thainville, Consul général et chargé d’affaires à Alger.
Vous trouverez ci-jointe, Monsieur, la lettre écrite à Sa Majesté, par le Dey, en date du 10 juillet dernier. Cette lettre ayant été traduite et examinée, on a remarqué qu’elle était écrite d’une manière irrégulière et inusitée ; en ce que le Dey n’a donné au roi que le titre de Rey, sans autre qualification ; tandis que depuis plus d’un siècle, tous nos rois ont eu celui de Padichah. En outre ; le préambule de la lettre du Dey ne contient aucune de ces expressions de louange et de haute considération qui ont toujours accompagné le titre de Padichah, et dont l’absence est une impolitesse dans l’étiquette du style orientale. Ces irrégularités ne m’ont pas permis de mettre la lettre du Dey sous les yeux de Sa Majesté ; et je ne puis le faire que lorsque j’en aurais reçu une nouvelle, conçue dans les termes usités de tous temps. Je vous engage en conséquence, Monsieur, de vouloir bien vous la faire délivrer par la chancellerie de la Régence, où la première n’a pu être écrite que par un défaut d’attention. Vous vous assurerez que son contenu renferme exactement les titres d’honneur donnés par la Régence à nos deux derniers rois ; et vous me la ferez parvenir sans aucun retard.
Avec la lettre écrite à Sa Majesté par le Dey d’Alger se trouvait une seconde, adressée au ministre des Affaires étrangères, auquel on ne donne que le titre de Ministro de la Corona, tandis qu’il paraitrait avoir été traité de Vizir, depuis le dernier siècle. Je vous engage, Monsieur, à faire vérifier ce fait ; et à obtenir ensuite une nouvelle lettre, conçue dans les termes d’usage en échange de l’ancienne lettre que je joins ici. Vous attacherez à ces demandes toute l’attention qui leur est due, en considérant à quel point il est nécessaire, vis-à-vis de la Régence, de n’admettre aucune innovation à notre désavantage, dans le commencement d’un nouveau règne.
Agréez, Monsieur, l’assurance de ma parfaite considération.
Le pce de bénévent.