LETTRE
DE
TALLEYRAND,
A
M. ROYER-COLLARD
EN DATE DU
2 AOUT [1835]
Dear and honored friend,
J’ai abandonné mes projets de voyage en Suisse. Je vous écris de Paris où, d’après les tristes évènements du 28 juillet, j’ai cru de voir me rendre. C’était pour moi un devoir, et un devoir de délicatesse, ce qui est obligatoire.
Quel parti tirera-t-on de ceci ? Je l’ignore encore : le garde des sceaux est dans l’enfantement.
Si son travail produit autre chose qu’une restauration, il sera au-dessous des circonstances. La restauration de Louis-Philippe ne pourra jamais être plus facile : les circonstances ont tout préparé. Je me sers du mot de restauration parce que c’est réellement à une restauration qu’il en faut venir : et celle de Louis-Philippe est plus facile à faire, de beaucoup, qu’aucune des deux autres, celle de la république ou celle d’Henri V. Le nombre est de son côté, et aussi l’opinion.
Il parait que le procès de Gérard ne commencera pas avant huit ou dix jours : je ne quitterai Paris qu’après ; et alors j’irai à Valençay.
Je vous écrirai dès que je saurai mieux et davantage.
Adieu mille amitiés.
Tall.
Paris 2 août [1835].
Madame de Dino se trouve bien des eaux. Elle quitte [ ?] aujourd’hui. Son adresse jusqu’au 15 est au château de Wolberg par Ermatingen, canton de Turgovie, Suisse.
Il n’est pas vrai comme le disent les journaux que j’aie été appelé à aucun conseil. Je n’ai même encore vu aucun des ministres.