LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
A
MADAME ADELAÏDE D'ORLEANS
EN DATE DU
22 OCTOBRE 1831
Londres, le 22 octobre 1831.
J’espère qu’enfin nous touchons au terme et que l’affaire si difficile de la Belgique va être terminée. Le jour où j’en aurai la certitude sera le plus beau jour de ma vie, car j’aurai servi à faire quelque chose qui, sous tous les rapports, doit convenir au roi et à Mademoiselle. Il me semble que tout va devenir plus facile en France ; on ôte aux malveillants un grand moyen d’attaque, et le bienfait de la paix doit réunir tous les intérêts autour du trône. Je suis bienheureux, et je vous vois grande et tranquille.
Il faut à présent jeter les esprits actifs vers les améliorations intérieures dont, par la paix, ils peuvent s’occuper sans crainte. La décentralisation de l’administration doit, à ce qu’il me semble, être la première occupation du roi. Il faut donner à tout le monde quelque chose à faire.
On est bien fort pour montrer, comme le roi d’Angleterre l’a fait dans son discours, à quel point la conférence a été utile et à quel point le travail de cette conférence est loin de tout ce qui est sorti de la Sainte-Alliance. J’écrirais des volumes sur tout cela et Mademoiselle le sait bien mieux que moi.
Je la prie…..
Ch. Mau. TALLEYRAND.
in MEMOIRES DE TALLEYRAND