LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
AU
COMTE SEBASTIANI
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
EN DATE DU
6 JUIN 1831
Londres, le 6 juin 1831
Monsieur le Comte,
Le directeur de la poste de Calais m’écrit qu’il éprouve quelque embarras quand il reçoit de Paris par estafette, des dépêches pour l’ambassade du Roi à Londres, parce qu’il ne sait pas s’il doit les transmettre immédiatement par voie extraordinaire, ou s’il doit attendre le départ d’un paquebot. Jusqu’ici, il s’est presque toujours décidé pour la voie extraordinaire et il a expédié un employé de son bureau quand il ne se trouvait pas à Calais de courrier de l’ambassade ; mais comme il en résulte des frais assez considérables, surtout à cause des bateaux qu’il faut louer, le directeur de la poste désirerait recevoir à cet égard, une autorisation particulière.
Vous jugerez, sans doute, M. le Comte, qu’on peut facilement faire cesser toute incertitude sur ce point en indiquant lors de l’envoi de chaque estafette à Calais, si la dépêche qu’elle porte exige une transmission immédiate ou si elle peut attendre le départ d’un paquebot. Je vous prie de vouloir bien donner, à ce sujet les ordres nécessaires.
Je crois, à cette occasion, devoir vous rappeler quelques observations que j’ai eu l’honneur de vous transmettre le 1er mai relativement aux courriers attachés à l’ambassade. Vous savez que maintenant ils ne sont plus que deux. Quoique leur service soit augmenté par l’envoi des estafettes. Il en résulte que souvent, ils sont forcés de repartir peu d’heures après leur arrivée, ce qui devient très pénible pour eux.
Si l’enquête que vous avez fait faire sur le sieur Deluns n’établit rien à sa charge, vous feriez, M. le Comte, une chose bien utile à sa nombreuse famille en l’autorisant à reprendre son service.
On annonce que vous avez l’intention de nommer M. Durant de St André, consul général à Londres. Sa capacité est connue ici et je crois qu’il y serait placé bientôt dans une position analogue à celle qu’avait acquise M. Seguier.
Agréez, Monsieur le Comte, l’assurance de ma haute considération.
Ch. Mau. TALLEYRAND.
MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 11