LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
AU
COMTE SEBASTIANI
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
EN DATE DU
20 OCTOBRE 1831
Londres, le 20 octobre 1831
Monsieur le comte,
Le Roi d’Angleterre a prorogé, ce matin, le Parlement jusqu’au 22 novembre prochain : j’ai l’honneur de vous envoyer le discours qui a été prononcé par S. M. ; des acclamations ont suivi le Roi durant toute sa marche qui était fort brillante. Le corps diplomatique assistait à cette séance.
Nous n’avons pas reçu ici de nouvelles positives de l’impression que les articles arrêtés par la Conférence auront produits sur le gouvernement belge ; on sait seulement que les partis font déjà entendre des routes et reviennent à ce ton de jactance guerrière qui a été suivi de si peu d’effet. On sait aussi que le parti opposé à l’administration actuelle de la France et au maintien de la paix cherche, dans cette circonstance à susciter des embarras au gouvernement du Roi. Il a trouvé, trop longtemps des aliments en Belgique : ce pays une fois constitué, voilà un de ses plus puissants moyens de trouble qui lui manquera.
C’est sur l’influence de la France en Belgique que comptent particulièrement les autres gouvernements pour voir enfin terminer des débats qui n’auraient pas dû occuper si longtemps l’Europe et on ne comprendrait pas qu’un pays qui doit tout à la France, qui est placé dans sa sphère politique, qui s’appuie constamment sur elle, ne cédât pas aux conseils pressants qu’elle lui donnerait.
Agréez, Monsieur le Comte, l’assurance de ma haute considération.
Ch. Mau. TALLEYRAND.
P. S. Le traité des forteresses entrera dans le traité définitif ce qui fait qu’au moment où nous aurons les adhésions on s’occupera de terminer en entier toute cette affaire.
MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 11