LETTRE
DU PRINCE DE TALLEYRAND
AU
DUC DE BROGLIE
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
EN DATE DU
30 NOVEMBRE 1832
N° 34
Londres, le 30 novembre 1832
Monsieur le duc,
M. le marquis de Palmella est arrivé hier à Londres, chargé d’une mission de dom Pedro près du gouvernement anglais ; il avait quitté Oporto le 22 de ce mois ; il parait qu’on commence à sentir dans cette ville la nécessité de mette fin à l’état de choses qui désole en ce moment le Portugal ; le marquis de Palmella doit en conséquence demander au gouvernement anglais d’intervenir, pour qu’une suspension d’armes soit établie entre les deux partis. Il m’a fait des ouvertures à ce sujet. La proposition de cet armistice n’aurait un caractère imposant que si elle est faite en même temps par la France et par l’Angleterre.
Cet armistice obtenu on chercherait à former une médiation dans laquelle devraient paraitre les Puissances les plus intéressées c’est-à-dire l’Espagne, l’Angleterre et la France, et il est bien probable que si ces trois médiations s’accordaient sur ce qui est nécessaire pour rétablir l’ordre en Portugal, le pays forcerait les deux princes de la Maison de Bragance d’adopter les propositions qui seraient faites.
Je vous tiendrai au courant des démarches de M. de Palmella vis-à-vis du gouvernement anglais et des dispositions que ce gouvernement sera disposé à prendre.
Ayez la bonté de me dire quel doit être mon langage, dans le cas où la proposition de M. de Palmella serait accueillie ici.
Agréez, Monsieur le duc, l’assurance de ma haute considération.
Ch. Mau. TALLEYRAND.
MAE - ARCHIVES DE NANTES - AMBASSADE DE LONDRES - SERIE K - CARTON 12